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Kaycan / Saint-Gobain / Benoit Bazin
Saint-Gobain agrandit sa cabane au Canada
Avec l’acquisition de l’entreprise familiale canadienne Kaycan spécialisée dans les revêtements de façade, Saint-Gobain confirme l'importance dans sa feuille de route de l'Amérique du Nord, un marché tout à la fois porteur et rentable.
Saint-Gobain n’a pas forcément besoin d’actionnaires activistes pour lui apprendre à créer de la valeur. A deux jours de son assemblée générale annuelle, le fabricant de matériaux de constructions vient d’annoncer une acquisition de taille significative outre-Atlantique, qui potentiellement, envoie un message fort à ceux qui douteraient de sa stratégie. Le groupe a annoncé mardi la signature d'un accord définitif pour l’acquisition de Kaycan, entreprise familiale de production et distribution de matériaux de construction d’extérieur au Canada et aux Etats-Unis.
L’opération, d’un montant de 928 millions de dollars (américains) en numéraire, soit environ 860 millions d’euros, coche deux critères très importants du plan stratégique "Grow & Impact" de l’entreprise. "Développer et enrichir notre offre dans la construction durable et deuxièmement, accroître et renforcer notre positionnement en Amérique du nord", région où le groupe connaît une forte croissance combinée à une rentabilité élevée, a souligné Benoît Bazin, le directeur général de Saint-Gobain, lors d’une conférence de presse téléphonique.
Avec un chiffre d’affaires de 472 millions de dollars au cours du dernier exercice, réalisé pour plus de moitié au Canada et le reste aux Etats-Unis, Kaycan fait figure d’acteur majeur du marché des matériaux de construction d’extérieur outre-Atlantique. En particulier, la société est leader dans la production de bardage de façade au Canada. Avec une composante "durable" importante, dans la mesure où Kaycan propose une offre de services de recyclage de matériaux usagés qui sont ensuite incorporés dans le processus de production.
L’opération confère ainsi à Saint-Gobain la position clé dans l’aménagement extérieur qui lui faisait défaut. Le groupe français disposait déjà d’une présence très forte dans le pays, mais dans l’aménagement intérieur essentiellement, avec plus de 50% de parts de marché dans les plaques de plâtre et une part de marché plus que doublé dans l’isolation en trois ans. Saint-Gobain "va bénéficier d’une complémentarité importante avec les produits existants de sa filiale CertainTeed en Amérique du Nord", observent ainsi les analystes d’Oddo BHF.
Après avoir procédé en 2021 aux rachats de Chryso et de GCP Applied Technologies en 2021, Saint-Gobain confirme son ancrage en Amérique du Nord. De 15% de son chiffre d’affaires sur cette zone géographique en 2018 avec des ventes d’environ 6,5 milliards de dollars, "nous allons tangenter les 20%" à près de 10 milliards de dollars après l’opération Kaycan en 2022, prévoit Benoît Bazin. La progression en termes de rentabilité est plus marquante encore, avec un excédent brut d’exploitation qui devrait avoir "plus que doublé en trois ans", a souligné le dirigeant.
Alors qu’elle complète idéalement le dispositif du groupe outre Atlantique, l’opération s’annonce très créatrice de valeur. "[Elle] devrait se révéler judicieuse, notamment en raison des synergies avec l'importante présence nord-américaine de CertainTeed", notent pour leur part les analystes de Stifel. Le groupe évalue ces synergies à 30 millions de dollars pour la troisième année suivant la réalisation de l’opération, incluant des synergies de coûts pour environ 23 millions de dollars (américains), tandis que les synergies de ventes de 7 millions de dollars, soit seulement 7% des synergies globales, peuvent être jugées prudentes.
Ainsi, de 11,2 fois en 2021, le ratio de valeur d’entreprise sur excédent brut d’exploitation (Ebitda) de Kaycan "tomberait à 7,7 fois en prenant en compte les synergies à 3 ans", calcule Oddo BHF. L’acquisition de l’entreprise familiale canadienne deviendrait ainsi créatrice de valeur dès 2025.
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