Feuilleton de l'été / Bpifrance / économie française / économie réelle
Feuilleton de l'été
Bpifrance / économie française / économie réelle
Série d’été - ces jeunes leaders qui construisent la France de demain / Sabrina El Kasmi, adjointe au chef économiste de Bpifrance
Une constante demeure dans le parcours de Sabrina El Kasmi, une volonté affirmée de servir l’économie réelle et tout particulièrement dans son Hexagone natal. De la classe préparatoire à Bpifrance, elle prit plusieurs tournants qui l’ont conduite à embrasser une carrière d’économiste.

Deux décennies après avoir poussé les portes du Lycée Montaigne, on perçoit que Sabrina El Kasmi a trouvé les réponses à des questions qu’elle ne se posait même pas encore en entrant dans le supérieur. Pour celle qui a grandi à Bondy, ce saut dans l’inconnu de la classe préparatoire d’HEC avait pourtant été rude, non pas tant par l’exigence de travail. Elle confie à WanSquare "avoir été admise à poursuivre en seconde année, mais je n’arrivais pas à me projeter dans le seul objectif d’intégrer une école de commerce". Pourtant, elle mesure sa chance d’avoir "eu des parents attentifs et une mère professeur qui a su un tant soit peu l’aider à s’orienter au lycée ". Elle découvre cependant la discipline économique lors d’une année " extrêmement formatrice et qui m'a servi à acquérir de vraies méthodes de travail".
Les premiers amours
Elle choisit alors de basculer vers une licence d’économie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, un parcours où elle s’épanouit davantage considérant "être moins entourée de personnes formatées vers l’objectif de réussir les concours. L’autonomie qui nous était laissée était parfois une contrainte mais aussi une vraie liberté intellectuelle appréciable". Son bagage d’économiste s’étoffe et elle fait un autre choix décisif : celui de préparer un dossier en vue d’intégrer l’ENSAE à l’issue de son Master 1.
Une décision dictée par " un véritable désir d’acquérir un bagage technique suffisant, j’avais alors l’envie de pouvoir réaliser des études de manière rigoureuse", un choix "plutôt original par rapport à mes camarades de master mais loin d’être isolé ". Ironie de l’histoire, elle se retrouve à rejoindre une Grande école alors même qu’elle avait quitté la classe prépa n’arrivant pas à s’y projeter. Elle estime aujourd’hui, avec ce parcours, "ne pas avoir choisi une école de commerce au hasard mais le bon tremplin par rapport à mes ambitions, je savais ce que je venais chercher en intégrant l’ENSAE ".
La confirmation
Une période qui la voit également faire ses premiers pas dans le monde professionnel, au cours d’un stage au service des études économiques chez Natixis, lequel a "conforté mon désir d’évoluer dans le monde économique, les sujets m’ont passionnée et tant Patrick Artus que ses équipes m’ont recommandé d’intégrer l’ENSAE ". Trois années de formation l’y attendent, dont un solide rattrapage en mathématiques en première année dont elle se souvient plus d’une décennie après. La volonté d’œuvrer dans le service public est alors toujours enracinée en elle et elle fait le choix de rejoindre la Direction générale du Trésor en tant que contractuelle.
C’est plus précisément "un poste pour travailler sur le marché du travail et les politiques de l’emploi qui m’a fait rentrer à Bercy. Alors qu’on est tout juste sorti de la crise financière de 2008-2009, c’était passionnant de travailler à fournir les prévisions nécessaires à l’élaboration du projet de loi de finances, en collaboration avec plusieurs bureaux ". Elle reste aujourd’hui frappée par "la véritable émulation qui règne à Bercy, il y a beaucoup de compétence et un environnement sain qui pousse à se dépasser". Un environnement stimulant qui n’en reste pas moins un sacerdoce au service de l’État, " quand on est jeune on peut se permettre de finir à des heures très tardives, ce sont des sacrifices que la maman de deux petits garçons que je suis peut moins se permettre".
Au cœur du cyclone
Une constante apparaît au fil des postes occupés par Sabrina El Kasmi, elle ne rechigne jamais à être au milieu de la tempête. Alors que la crise des dettes souveraines ébranle la zone euro, elle rejoint le Bureau des prévisions internationales de la Direction générale du Trésor et "élabore des prévisions macroéconomiques, notamment sur l’Espagne, dans le but d’anticiper l’évolution du commerce extérieur de la France. J’ai par ailleurs énormément appris à travers la réflexion sur les réformes structurelles entreprises dans les pays d’Europe du Sud". Des pays qu’elle continue de suivre de près durant ses deux dernières années passées à Bercy, effectuées aux Affaires européennes.
Elle y connaît " un apprentissage accéléré sur les finances publiques et participe à la préparation des positionnements français en vue des réunions à Bruxelles". Six années à parcourir les arcanes de Bercy qui " lui ont permis d’être en lien régulier avec le cabinet du ministre, tout en faisant parfois grandir une certaine frustration. On a beau travailler autant qu’on le souhaite et fournir toutes les données possibles, finalement l’échéancier politique a ses propres contraintes et logiquement certaines idées restent dans les cartons".
Grandir ensemble
Elle commence alors à répondre définitivement à toutes les questions qui lui sont apparues ; elle nous confie "s’être posée un temps la question de la thèse, si en France c’est loin d’être un impératif pour travailler dans les institutions, je suis consciente que ne pas en avoir peut rendre plus compliqué l’obtention d’un poste à l’international". L’économiste fait le choix de ne pas préparer les concours de la fonction publique en interne, "un investissement en temps très conséquent à l’issue pas toujours favorable. Je souhaitais également avoir un rapport plus concret à l’économie française".
Un message va particulièrement lui parler. "Je me souviens avoir vu ce message de Bpifrance qui revendiquait réunir le meilleur du public et du privé. C’était pleinement dans mes convictions de déployer la meilleure rigueur au service de l’économie de mon pays et de ses entreprises", indique-t-elle. L’institution a bien évolué depuis et l’ancienne de l’ENSAE évoque "des questions qu’on m’a posées à mon départ du Trésor sur mon choix de partir chez Bpi, qu’on ne se poserait plus tellement aujourd’hui. Nous avons changé de dimension, surtout post-Covid, et la direction des Etudes a elle aussi bien changé depuis mon arrivée ". Elle se remémore " notre surprise devant les taux exceptionnellement élevés de réponse à nos enquêtes de conjoncture en pleine pandémie. Ces enquêtes contribuent à notre connaissance pointue des PME et à nous donner une grande légitimité sur la question, notamment vis-à-vis des pouvoirs publics".
Liberté chérie
Autre spécificité chez Sabrina El Kasmi, un désir de ne pas être bridée intellectuellement. Elle s’estime "servie sur ce plan-là par un directeur général qui est curieux de toutes les questions économiques. Ça nous oblige à être vigilant, à rester à jour sur tous les plans". C’est également le temps d’apprendre à gérer "une équipe qui s’élargit en même temps que mon champ de compétences, auquel s’est récemment ajoutée l’analyse du Risque pays ".
Elle ne se fixe d’ailleurs pas de limite et " espère voir notre dimension continuer à grandir", tout en continuant "à cultiver les contacts précieux que nous avons avec les dirigeants ". Elle estime qu’il faut "quelque part choisir ses combats. Pour l’heure, je ne suis pas sûre que ma place soit sur les plateaux télévisés ou dans la littérature économique. Il faut savoir être pertinent dans nos actions médiatiques et apporter une plus-value ". On sent que cet apôtre de la rigueur scientifique au service de l’économie préfère largement " être heureuse d’avoir réuni une équipe soudée et de constater que la direction des Etudes de Bpifrance a su se rendre un acteur essentiel dans le paysage économique français".
Une façon également de "garder du temps pour ma famille, cet équilibre vie pro et perso étant essentiel pour durer. Les deux jours de télétravail par semaine sont précieux de ce point de vue là ". En se retournant sur son parcours, elle nous confie également s’être investie pour revenir "dans mon lycée et parler de mon parcours aux jeunes qui se cherchent. C’est essentiel dans notre pays d’aider tout un chacun à ne se fermer aucune porte".
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