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série d'hiver / Veolia / Estelle Brachlianoff

exclusif L’année 2025 vue par… Estelle Brachlianoff / Directrice générale de Veolia

EXCLUSIF.

WanSquare a demandé à des économistes et dirigeants de grandes entreprises de livrer leur vision pour 2025 après une année 2024 marquée notamment par des tensions géostratégiques toujours aussi prégnantes, le début de la normalisation monétaire, de fortes incertitudes politiques en France ou encore la prise de conscience collective du décrochage de l’Europe. Chaque jour, nous publions leurs réponses aux questions que vous vous posez et leurs attentes pour l’année qui vient. Une série à lire, partager et conserver précieusement.

20/12/2024 - 14:00
Estelle Brachlianoff (©Veolia)
Estelle Brachlianoff (©Veolia)

Quel est votre scénario de croissance en Europe et en France pour 2025 ? De quelle manière les risques géopolitiques (Ukraine, Moyen-Orient, nouvelle administration Trump) sont-ils susceptibles d’affecter vos prévisions et comment anticipez-vous leurs impacts sur vos activités ?

 

Nous sommes une entreprise largement immune sur le plan macroéconomique avec un positionnement agile et un ensemble de géographies et métiers qui permet de mitiger les risques éventuels. 80 % des activités du Groupe sont à l’international (i.e. hors de France) et nous restons très attentifs aux risques géopolitiques et aux différents contextes politiques des pays dans lesquels le Groupe est implanté. Si nous prenons l’exemple des Etats-Unis, la réalité de l’urgence climatique et ses conséquences persistent, et ce, indépendamment de l’élection de Donald Trump. Notre priorité est donc d’agir vite pour protéger la santé, le pouvoir d’achat, la souveraineté alimentaire et énergétique, ainsi que les ressources naturelles, en plaçant la transformation écologique au service des populations, quels que soient les contextes politiques.

Aux États-Unis, notre activité repose principalement sur les besoins des États fédéraux - tout comme en France ou en Allemagne, les besoins pour nos métiers viennent des collectivités locales. Nos clients, municipalités et acteurs locaux, maintiennent une forte demande en services écologiques, au-delà des clivages politiques. De la Californie au Texas, notre croissance se poursuit grâce à notre ancrage local et à la complémentarité de nos métiers, ce qui nous permet de répondre aux besoins locaux.

Face au réchauffement climatique, l’inaction coûtera bien plus cher que des actions immédiates. Agir maintenant est une nécessité pour éviter des conséquences irréversibles !

En Europe et en France, Veolia vise à renforcer sa position de leader dans les services environnementaux d’ici 2025, en se concentrant sur l’économie circulaire, l’efficacité énergétique et les solutions innovantes liées à la transformation écologique. Le Groupe cherche à maintenir sa croissance organique tout en restant ouvert aux acquisitions stratégiques pour consolider sa présence sur ses marchés clés.

 

L’année 2024 a été celle des rapports Draghi/Noyer/Letta et du constat du décrochage de l’Europe. Quelles sont les mesures d’urgence à prendre au niveau européen pour inverser la vapeur et sortir l’Europe de la tenaille Usa-Chine ?

 

Face aux tensions géopolitiques et à l’instabilité énergétique, l’Europe doit accélérer sa transition vers un modèle économique décarboné et circulaire. Cette transformation est une opportunité pour renforcer compétitivité, autonomie stratégique et sécurité à long terme. Le dérèglement climatique est une réalité quotidienne, rendant l’accélération du Green Deal vitale pour protéger santé, pouvoir d’achat et prévenir les crises.

Le rapport Draghi souligne l’urgence de créer un marché européen du recyclage, crucial pour l’économie et l’environnement. Soutenir ces secteurs créateurs d’emplois non délocalisables passe par la levée des barrières réglementaires et le soutien à la demande pour les matériaux recyclés.

La réindustrialisation verte exige une stratégie européenne de gestion durable de l’eau, ressource clé oubliée des rapports. Il est urgent pour l’Europe de se doter d’une véritable stratégie de gestion durable de l’eau et de valoriser les savoir-faire européens dans les technologies de traitement et de réutilisation des eaux usées.

Enfin, l’énergie locale décarbonante regorge d’opportunités inexploitées pour l’Europe, à condition de simplifier leur cadre réglementaire, de les reconnaître comme des énergies renouvelables à part entière et d’encourager leur développement industriel à l’échelle du continent. La transformation écologique doit devenir un véritable projet industriel à échelle internationale. L’Europe a les instruments pour le porter et les entreprises pour le mettre en place, il faut accélérer !

 

Depuis cinq ans la productivité est en baisse régulière en France, comment appréciez-vous celle-ci dans votre groupe et quels impacts cela peut-il avoir en termes d’emplois ?

 

D’ici 2030, la transformation écologique devrait directement impacter près de 8 millions d’emplois, avec une création potentielle de 400 000 emplois, selon le Secrétariat général chargé de la planification écologique. Les besoins sont immenses et pour y répondre, Veolia et ses 43 000 collaborateurs en France sont résolument engagés dans une dynamique de performance durable et d’innovation dans ses trois métiers historiques (eau, déchets, énergie).

Ce positionnement spécifique dans un secteur en forte croissance nous permet de rester à l’écart des tendances de baisse de productivité observées en France ces dernières années.

Cette résilience se traduit directement par une contribution positive à l’emploi : en 2023, Veolia a soutenu 150 000 emplois en France dans chaque territoire où le Groupe est implanté afin de répondre aux besoins en transformation écologique. En misant sur des solutions innovantes et sur la montée en compétences de nos équipes, nous consolidons non seulement notre compétitivité, mais nous renforçons également notre rôle de moteur de l’économie locale, en créant des opportunités d’emploi durables dans les territoires pour relever les défis de la transformation écologique.

 

Depuis dix ans, on parle de simplification sans jamais la faire, au niveau français comme européen (discussion sur l’abandon partiel des obligations de déclaration de la directive CSRD). Néanmoins, tous les groupes font face à une complexification accrue. Quelles seraient vos propositions dans votre secteur d’activité en matière de simplification (administrative, fiscale territoriale) ?

 

L’urgence écologique exige d’accélérer en simplifiant les normes et procédures. Déployons massivement les solutions vertes sur les territoires, sans compromis sur la santé et l’environnement !

Pour réussir la transition en Europe, il faut se donner les moyens d’être plus souverains et plus circulaires, afin de produire localement tout le nécessaire pour rendre nos économies plus compétitives et plus vertes.

La Commission européenne entend présenter dans les 100 premiers jours du nouveau mandat une proposition de directive dite “Omnibus”, pour simplifier simultanément la taxonomie, la CSRD et le devoir de vigilance.

Nous partageons les intentions de la Commission, c’est-à-dire simplifier et réduire la charge de reporting, sans déréguler ni revoir à la baisse les ambitions.

S’agissant de la CSRD, il est essentiel de conserver le principe d’extraterritorialité, pour garantir des conditions de concurrence équitables entre toutes les entreprises présentes en Europe.

Cependant, au regard de la complexité de ce dispositif, un report du calendrier d’application du cadre de diligence et des obligations de connectivité financière s’impose.

S’agissant de la directive sur le devoir de vigilance, les nombreuses obligations nouvelles nécessiteront une mobilisation significative des ressources humaines et financières de la part des entreprises.

La simplification n’est pas qu’un enjeu européen, puisque se pose en même temps la question de la transposition au niveau national.

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