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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

Chroniques
Jean-Baptiste Noé

Chronique
Hamas : anatomie d’une organisation criminelle
par Jean-Baptiste Noé

Alors que beaucoup le pensaient éteint, le Hamas a démontré son efficacité et sa capacité d’action sur la longue profondeur. Le raid du 7 octobre et les combats qui ont suivi témoignent de ses capacités d’intervention et de son implantation. Or, pour exister, une organisation terroriste doit bénéficier de nombreux soutiens et réseaux.

14/10/2023 - 08:30 Lecture 5 mn.

Fondé en 1987 par des membres des frères musulmans, le Hamas est à l’origine une organisation caritative qui s’occupe d’activités sociales dans la bande de Gaza. Puis, au cours des années 1980-1990, il se mue en organisation politique, faisant usage du terrorisme pour faire échouer les processus de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne. De son premier attentat en 1993 au raid sanglant du 7 octobre, il accroît sa violence et sa détermination à éradiquer l’État d’Israël. Mais pour durer, s’implanter et mener ses actions, il a besoin d’argent, de réseaux et d’une base territoriale.

 

Soutiens étrangers

 

Le Hamas ne pourrait exister et mener ses actions criminelles sans soutiens étrangers, l’Iran et le Qatar au premier plan. Les deux pays financent abondamment l’organisation et lui fournissent l’armement dont il a besoin. À quoi s’ajoutent le Liban et la Syrie, soit pour des financements (surtout dans les années 1990-2000), soit pour des camps d’entraînement, soit pour le blanchiment de l’argent du terrorisme. Un autre pays joue un rôle clef : le Soudan. Fort de sa situation au sud de l’Égypte et le long de l’axe du Nil, le Soudan sert de plaque tournante de blanchiment de l’argent du Hamas, permettant aux fonds de transiter des pays pourvoyeurs aux banques utilisées par le Hamas. Le Soudan fournit aussi des espaces permettant l’entraînement aux maniements des armes et aux opérations militaires. C’est cette connexion idéologique et technique qui permet à l’organisation de croître et de multiplier les attaques contre Israël, notamment par des tirs de roquettes.

Autre zone géographique essentielle : la petite frontière (11 km) entre Gaza et l’Égypte, un espace restreint qui est le cordon ombilical de la bande de Gaza avec le reste du monde. C’est par là que transitent les hommes et le matériel, dont une partie est acheminée en pièces détachées pour échapper aux soupçons, puis montée à Gaza.

 

Base territoriale

 

Depuis 2007, le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza, organisant une dictature islamiste sur une population de 2,3 millions d’habitants. Une situation de fait qui divise la Palestine en deux zones, Cisjordanie et Gaza, dirigées par deux entités politiques différentes : l’Autorité palestinienne, laïque, ouverte à la négociation avec Israël et soucieuse d’intégrer les Palestiniens non musulmans, mais corrompue ; le Hamas, islamiste, dictatorial, décidé à éradiquer Israël et à s’opposer aux Palestiniens non musulmans. Deux entités politiques aux fondements intellectuels et religieux divergents, qui se détestent et s’opposent.

Fort de sa base territoriale de Gaza, désormais inexpugnable, parfaitement contrôlée, parcourue de souterrains et de galeries qui permettent de se cacher et de circuler sans être vu, le Hamas est aujourd’hui la seule organisation terroriste à disposer d’une souveraineté sur un territoire. Israël pourra attaquer la bande de Gaza, détruire les infrastructures, éliminer quelques chefs et quelques têtes pensantes, il ne pourra pas éliminer le Hamas. S’il sort affaibli de l’opération lancée par Tsahal, nul doute qu’il se reconstituera dans les prochaines années, prêt à refrapper d’ici dix ans.

Si Israël et les Occidentaux veulent éliminer le Hamas, il faudra bien poser les questions qui fâchent et se décider à des choix douloureux. D’une part, revoir le flux des subventions européennes à Gaza, dont une partie sert au financement du Hamas. Contrôler les flux financiers pour bloquer les banques et les comptes bancaires utilisés par l’organisation. Et surtout s’en prendre directement aux États financeurs : l’Iran, certes, mais aussi le Qatar. C’est à Doha que résident les principaux chefs de l’organisation, dont Ismaël Hanyieh et Khaled Mechaal. C’est de Doha que viennent une partie des flux financiers qui servent à financer l’organisation. Il est toujours possible de frapper la bande de Gaza et d’y conduire une opération militaire mais pour mettre un terme à cette organisation s’est l’ensemble de son réseau mondial qu’il faudra démanteler.

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