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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Nouvelle-Calédonie : penser l’Indo-pacifique
par Jean-Baptiste Noé

Un an après le référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, la région demeure toujours un impensé de la vision stratégique française. L’importance de l’espace indo-pacifique devrait pourtant conduire à penser son intégration et son rôle dans la puissance française.

19/11/2022 - 08:30 Lecture 5 mn.

 

Il y a un an, en décembre 2021, dans une indifférence quasi générale, se déroulait le quatrième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Le "non" l’emporta avec 96,50 % des voix, bien aidé par la non-participation des indépendantistes. Ceux-ci, ayant perdu tous les référendums précédents, avaient estimé plus profitable de ne pas participer à cette nouvelle consultation.

C’est peu dire que le sort de la Nouvelle-Calédonie n’a pas passionné les foules, alors même que son intérêt stratégique est essentiel pour la France. Au moment où les armées replient le drapeau au Sahel, où la présence française en Afrique est de plus en plus contestée et réduite, la Nouvelle-Calédonie devrait retrouver un intérêt renouvelé du fait de la montée en puissance de l’Indo-pacifique dans la géopolitique mondiale. Le peu d’intérêt de Paris pour ses territoires pacifiques avait contribué à détourner l’Australie de son contrat avec Naval Group. Face à une France qui témoignait d’un désinvestissement régional, prête à perdre, sans coup férir, un territoire hautement stratégique, Canberra préféra se rapprocher des autres anglo-saxons, dont le projet d’Aukus avait le mérite d’exister et de démontrer une pensée structurée et consciente des enjeux de la région.

 

Et maintenant, qu’allons-nous faire ?

 

Un an après, le peu de passion française pour le Pacifique n’a guère changé, alors même que la configuration mondiale s’est transformée. Sous-dimensionnée, disposant de peu d’hommes et de peu d’équipements, la marine nationale n’est pas en mesure de jouer un poids statutaire dans la région, alors même que c’est là que se concentrent les grands enjeux d’aujourd'hui : rivalités Chine / Japon, menaces sur Taïwan, routes de la soie maritime, contrôle des grands axes maritimes, émergence des volontés de puissance de la part des acteurs étatiques. Le tout dans un espace immense, où les communications navales et aériennes prennent beaucoup de temps.

Les projections cartographiques sont trompeuses : elles donnent l’impression d’un espace ramassé, uni et cohérent, alors que les distances sont immenses et les subdivisions régionales nombreuses. Il faut autant de temps en avion pour rejoindre Canberra à Tokyo que Londres à l’Afrique du Sud. Pour la France, il faut 30 jours de mer pour rallier les ports métropolitains à la Polynésie française et 32 jours pour la Nouvelle-Calédonie. C’est à peine 2 500 militaires qui sont déployés en permanence, ce qui assure certes une présence française, mais est bien insuffisant au regard des enjeux en cours.

Les habitants de Nouvelle-Calédonie ont exprimé leur volonté majoritaire de rester sous souveraineté française. Ce fait acquit, qu’allons-nous en faire ? L’absence de projet, non seulement de développement et d’investissement, mais aussi de positionnement géostratégique est frappante. Il résulte de l’incapacité à penser cet espace extrêmement complexe que l’on a tort d’associer trop vite à un espace purement maritime. Le nom même d’Indo-pacifique, pourtant couramment employé, est trompeur. Quoi de commun entre l’océan Indien et l’océan Pacifique, entre la Polynésie française et le canal du Mozambique ? Ce ne sont ni les mêmes espaces géographiques, ni les mêmes peuples, ni les mêmes problématiques. Les stratèges ont voulu penser un espace global, pour donner une unité et une cohérence à une partie du monde perçue depuis la France comme une vaste superficie bleue mouchetée d’îles éparses.

 

Une question de volonté

 

La Nouvelle-Calédonie exprime bien toute la problématique de la géopolitique : ce n’est ni l’espace ni les ressources qui font la puissance, mais le vouloir et la conception établie du monde. Il y aurait fort à faire dans cette région, qui ne manque ni d’enjeux ni d’intérêts. Mais pour cela, il faut un projet pour définir l’utilité de la Nouvelle-Calédonie et sa place dans la puissance française.

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