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éditorial / Yves de Kerdrel

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Yves de Kerdrel

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Temps suspendu
par Yves de Kerdrel

Le grand pont de l’Ascension, ajouté à l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, fait de ce début du mois de mai un moment entre parenthèses sans actualité politique et économique majeure. Pourtant dans la torpeur de ce moment de printemps Emmanuel Macron poursuit la préparation de l’après-2027 en cherchant par tous les moyens à « casser les jambes » d’Édouard Philippe sans pour autant faciliter la vie de Gabriel Attal.

12/05/2024 - 06:30 Lecture 9 mn.

 

En bon soldat, Gabriel Attal est donc allé passer son jeudi de l’Ascension à Rennes puis à Vannes pour faire campagne en faveur de la liste conduite par Valérie Hayer. Il sait qu’Emmanuel Macron répète, jour après jour, que son Premier Ministre ne s’engage pas assez dans cette élection européenne qui aura lieu dans moins d’un mois. Tout cela, alors que la liste de la "majorité présidentielle" oscille toujours entre 16 et 17 %, c’est-à-dire en très basses eaux.

Le Premier Ministre a bien conscience, qu’en tant que chef de la majorité, il ne peut pas faire autrement que de mouiller sa chemise dans cette campagne où il est hélas question de tout sauf d’Europe. Il ne veut surtout pas prêter le flanc aux critiques des conseillers élyséens. Mais il n’est pas suicidaire et ne veut pas être associé au très mauvais score que risque de faire le 9 juin au soir la pauvre Valérie Hayer face à un Rassemblement National qui a réussi à faire de cette élection une sorte de "référendum" anti-Macron.

 

Prochain débat Attal-Bardella

 

Il reste qu’à Matignon la plupart des conseillers du Premier Ministre n’en reviennent pas de l’animosité de l’Élysée à l’endroit de Gabriel Attal, dont la popularité surpasse toujours celle du Président de la République. Régulièrement l’un ou l’autre d’entre eux nous répète cette phrase stupéfiante : "Nous nous attendions à tout, mais pas à ce que le président et son équipe nous mettent des bâtons dans les roues chaque semaine, voire chaque jour".

De manière à montrer qu’il ne craint pas le combat, Gabriel Attal a accepté de débattre face à Jordan Bardella le jeudi 23 mai sur France 2. À Matignon, on est désormais convaincu que le président du Rassemblement National est celui qui a le plus à perdre dans ce débat. En matière de communication, le Premier Ministre n’a pas tellement de leçons à recevoir, y compris de l’Élysée. Et il entend faire en sorte qu’à la différence du débat Hayer-Bardella sur BFM, il y a dix jours, cette confrontation reste concentrée sur des sujets purement européens où il pourra faire valoir une vision européenne à laquelle restent attachés beaucoup de français.

 

L’Élysée veut mettre Castex en piste

 

À l’Élysée, en dehors de chercher des poux dans la tête de Gabriel Attal, l’équipe du Chef de l’État passe de plus en plus de temps à dire le plus grand mal d’Édouard Philippe et de sa candidature "naturelle" à l’élection présidentielle de 2027. Emmanuel Macron y est même allé de sa propre "gentillesse" en rappelant, à deux reprises, dans la longue interview qu’il a donnée, il y a une semaine, à La Tribune Dimanche, à quel point il regrettait que son projet de "retraite à points" n’ait pu être mené à bien. Suivez son regard…

Pour l’heure, du côté du palais présidentiel, on laisse entendre que celui qui a les faveurs du président pour l’élection de 2027, c’est Jean Castex. Le Chef de l’État a d’ailleurs prévu de le nommer à la tête de la SNCF après les Jeux Olympiques maintenant que le sort de Jean-Pierre Farandou est scellé. Mais cela n’empêche pas Gérald Darmanin de continuer à se préparer. Idem pour Bruno Le Maire que l’on annonce partant après l’été. Ce qui permettrait au ministre de l’Intérieur de prendre possession de Bercy.

 

La motion de censure repoussée à l’automne

 

Reste la question d’une motion de censure lors de la séquence budgétaire de l’automne. Contrairement à ce qu’écrivait le Figaro il y a quelques jours une éventuelle motion de censure, déposée avant l’été par le Rassemblement National, ne recueillerait que deux ou trois voix au maximum issues des Républicains, dont celle d’Aurélien Pradié, toujours prompt à se distinguer de son camp. En revanche le groupe LR prépare dès maintenant le dépôt d’une motion de censure sur le projet de loi de finances pour 2025.

Une opération plus complexe que prévu dans la mesure où il faut 58 signataires pour déposer une motion de censure. Or le camp LR ne compte que 61 députés dont certains ont déjà fait savoir qu’ils étaient hostiles à une telle opération politicienne. Surtout, parce qu’ils craignent qu’une dissolution les empêche de retrouver leur siège. Par ailleurs le groupe LIOT, qui a déjà été sondé, ne serait pas enthousiaste à l’idée de jouer les supplétifs dans le cadre du dépôt d’une telle motion de censure. Il reste qu’interrogé sur ce qu’il ferait en cas de censure du gouvernement, Emmanuel Macron s’est bien gardé de dire qu’il procéderait à une dissolution. Plusieurs sondages officieux laissent envisager que le Rassemblement National puisse bénéficier dans ce cas d’une majorité. L’alternative serait la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Une forme de cohabitation avec un Gérard Larcher ou un Xavier Bertrand qui permettrait de sauver la fin du quinquennat. Mais pour trouver un candidat, il faudrait lui assurer que le président se contente enfin de présider. Et que le Premier Ministre pourra enfin gouverner.

 

Un nombre record de projets d’investissements étrangers

 

C’est demain que s’ouvre la septième édition de l’évènement Choose France au Château de Versailles. Si l’Élysée est moins prolixe que les années précédentes sur les noms des patrons étrangers qui fouleront les pavés royaux, l’équipe présidentielle s’attend toutefois à un record de projets d’investissements qui seront annoncés. L’an dernier, 28 projets avaient été rendus publics lors de ce forum. Lors de la séance de mardi dernier Gabriel Attal a également évoqué devant les députés l’annonce de "très grands projets". Environ 180 invités étrangers sont attendus. Dont les dirigeants d’ArcelorMittal, JP Morgan, Bank of America, Goldman Sachs, Coca-Cola, ou encore AstraZeneca et Novartis dans le domaine de la pharmacie, Envision et Air Products dans le domaine industriel, et ceux des fonds souverains saoudien ou qatari. Plus de la moitié des invités sont non européens (20 % nord-américains et 20 % asiatiques notamment), et environ un tiers viennent pour la première fois. Une soixantaine de patrons français seront là aussi.

Emmanuel Macron devrait arriver à Versailles en début d’après-midi. Il présidera une table ronde sur la décarbonation, et une autre sur l’intelligence artificielle et le quantique. Par ailleurs il clôturera une réunion sur l’Inde, et s’entretiendra en tête-à-tête avec quelques patrons. Il se pourrait qu’Amazon, représenté par Andy Jassy, s’engage à investir 1,3 milliard d’euros à la fois dans un data center pour son activité cloud et "web services" et dans un entrepôt de logistique. Autre projet de data center avec l’opérateur japonais KDDI, qui pourrait annoncer un investissement de 1 milliard d’euros. Idem pour l’américain Equinix, le numéro un mondial des centres de données qui pourrait investir 630 millions d’euros. En matière d’intelligence artificielle Accenture pourrait annoncer deux investissements. IBM et le finlandais IQM devraient, pour leur part, s’engager sur deux projets majeurs dans l’informatique quantique.

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