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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Ukraine : de la guerre de haute intensité à la guérilla mondiale
par Jean-Baptiste Noé

En multipliant les escarmouches et les tensions au-delà de l’Europe, la Russie fait muter la guerre vers une guérilla mondiale qui donne un nouvel aspect à la guerre en Ukraine.

08/06/2024 - 08:30 Lecture 5 mn.

En annonçant la livraison de Mirage 2000-5 et la formation d’un bataillon, Emmanuel Macron a donné une nouvelle impulsion au soutien à l’Ukraine. Au-delà de l’annonce, les modalités pratiques restent à préciser.

La France dispose de 40 Mirages 2000-5, sans que le nombre d’appareils opérationnels soit public. Le nombre d’appareils livrés à l’Ukraine n’a pas été révélé, ce qui laisse planer un flou sur ce dont l’armée ukrainienne pourra disposer. Mais sachant qu’il faut près de six mois pour former un pilote à la maîtrise de ce type d’appareil, les Mirages ne seront, au mieux, opérationnels qu’à la fin de l’année 2024. D’ici là, il peut se passer beaucoup de choses sur le front, surtout pour une armée ukrainienne qui est en forte tension de matériels et d’hommes.

Il en va de même pour la formation du bataillon de 4 500 hommes. C’est à la fois beaucoup et peu dans une guerre qui a un fort taux d’attrition, de blessés et de morts. La formation de soldats ukrainiens n’est pas une nouveauté, les échanges se font depuis 2022 et des instructeurs français se rendent déjà en Ukraine ; si cette annonce entraîne des conséquences politiques, elle n’aura que peu de conséquences militaires.

 

Délitement de la guerre

 

La guerre en Ukraine a ravivé la réalité de la guerre de haute intensité, cet affrontement d’État contre État avec des chars, des avions, une marine et un nombre important d’hommes. Or depuis un an la guerre patine. En juin 2023, les chancelleries bruissaient de la contre-offensive ukrainienne et de l’espoir que celle-ci renverse l’armée russe. Il n’en fut rien. Un an plus tard, la Russie grignote et avance un peu, l’Ukraine résiste et défend ses positions, mais les deux camps sont enfermés dans une impasse. À cette guerre de position succède une guerre de mouvement qui se pratique non en Ukraine, mais sur des terrains extérieurs.

En réponse aux livraisons d’armes occidentales, Vladimir Poutine a annoncé qu’il pourrait livrer des armes à des groupes et des États étrangers qui pourraient s’en servir contre les intérêts français. Si personne n’est nommé, on pense bien évidemment aux Houthis, qui depuis leurs positions du Yémen peuvent s’en prendre à des navires liés à la France comme ils le font déjà à ceux liés à Israël. Ce peut être aussi le cas des juntes militaires africaines, renforcées par les actions des groupes Wagner, qui peuvent s’en prendre aux ressortissants et intérêts français. Des piqûres répétées qui contribuent à affaiblir la France.

Cette semaine a ainsi vu un ressortissant russe arrêté près de Roissy dans des circonstances curieuses. Blessé après avoir mal manié des explosifs apparemment destinés à réaliser un attentat à l’aéroport Charles-de-Gaulle, celui-ci a été appréhendé à l’hôpital par les forces de l’ordre. Les circonstances de l’arrestation, fruit d’un heureux hasard, témoignent de l’impréparation et de l’amateurisme de cet agent qui visiblement maîtrisait mal son sujet. Deux jours plus tard, c’est un chercheur français, Laurent Vinatier, qui est cette fois arrêté à Moscou, au nom de la lutte contre les ingérences étrangères. Le message est clair et s’adresse non seulement à la France, mais à tous les ressortissants français : ils ne sont plus en sécurité sur le territoire russe et peuvent être arrêtés à tout moment, l’interprétation de la loi sur l’espionnage étant particulièrement extensible.

 

Stratégie de la tension

 

Si la guerre de haute intensité est toujours en cours en Ukraine, la voici doublée d’une guérilla faite de coups bas, d’effets d’annonce, de communication et de vexations. Cela ne contribue pas à faire avancer la situation sur le front, mais cela provoque une tension dans les capitales et un état d’insécurité et de méfiance réciproque de plus en plus exacerbé. Surtout, cette extension de la guerre par cette forme de guérilla lui fait quitter le front ukrainien pour monter au niveau d’un front mondial. La guerre est désormais partout, tant dans les lieux (Roissy, Moscou, mer Rouge, Afrique, etc.) que dans les moyens (communication, pression, attentat). Si certains caressaient l’espoir d’une trêve olympique en juillet, c’est pour l’instant la voie de la tension et de la globalité de la guerre qui est suivie.

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