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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Léon XIV, un pape dans le monde
par Jean-Baptiste Noé

En élisant un Américain comme pape, les cardinaux ont surpris. Mais le profil du nouveau Léon XIV est surtout celui d’un homme qui a une grande expérience des vicissitudes du monde. 

10/05/2025 - 08:30 Lecture 5 mn.

Après un enfant de Buenos Aires, les cardinaux ont élu pape un fils de Chicago. Né en 1955 sur les bords de l’Illinois, Robert Francis Prevost est un archétype de l’Américain des années 1950 : son père a des ascendances françaises et italiennes, sa mère est issue d’une branche espagnole. Un mélange à l’image du creuset qu’est l’Amérique, mais venant d’une famille catholique quand les États-Unis sont encore majoritairement protestants.

 

Entre les capitales et les périphéries

 

Sa vie oscille entre les capitales et les périphéries. Chicago, où il grandit, Philadelphie et Rome, où il fait ses études. Puis le Pérou, où il est missionnaire dans les années 1980, avant d’y être évêque entre 2014 et 2023. À Rome, il a d’abord été le supérieur de son ordre des Augustins (2001-2013), avant d’être le préfet du dicastère pour les évêques (2023-2025). C’est donc une vie qui oscille entre les capitales économiques et intellectuelles des États-Unis, la capitale de la chrétienté et les marges périphériques.

En l’élisant, les cardinaux ont choisi un homme qui a une fine connaissance du monde. Ses nombreuses années passées à Rome lui ont permis de bénéficier d’une exceptionnelle fenêtre sur le monde, où il a pu voir et observer la diversité du catholicisme et les défis qui varient d’une région à une autre. Son expérience pastorale comme évêque au Pérou lui a permis d’être immergé dans un territoire précis et de sortir du strict travail bureaucratique de ses responsabilités à la tête de son ordre. Avant lui, Léon XIII (1878-1903) avait déjà ce profil de connaissance du monde puisque diplomate il avait été en poste en Belgique et avait beaucoup voyagé en France et au Royaume-Uni, ce qui était assez exceptionnel pour son époque.

 

Symbole du catholicisme américain

 

Mais Léon XIV est aussi la figure marquante du catholicisme américain. Longtemps, le catholicisme fut minoritaire aux États-Unis, et même marginalisé. Il a fallu attendre l’élection de John Kennedy (1960) pour avoir un président catholique, et seul Joe Biden après lui fut de cette confession. Mais dans les dynamiques religieuses en cours aux États-Unis, du fait de l’immigration d’une part et des conversions d’autre part, le catholicisme est aujourd’hui d’un grand dynamisme, comme le démontre le vice-président Vance, converti au catholicisme.

Le catholicisme américain pèse de plus en plus sur la scène mondiale. Par leurs dons, les catholiques américains sont les premiers financeurs du Vatican. À quoi s’ajoutent les universités, les professeurs de théologie, dont la renommée dépasse les frontières américaines, les grands médias, à l’influence mondiale. C’est un catholicisme traversé par des options politiques diverses, parfois opposées, mais qui est désormais présent dans toutes les couches de la société.

 

Les défis qui attendent Léon XIV

 

Les défis du nouveau pape sont nombreux. Il doit d’abord veiller à l’unité de son troupeau. La mondialisation du catholicisme lui donne une aura mondiale, mais accroît aussi les tensions qui peuvent exister entre les différentes cultures et sensibilités. Si tous les catholiques se reconnaissent dans Rome et dans le pape, la foi n’est pas pratiquée de la même façon en Asie, en Afrique ou en Europe. C’est cette tension mondiale qu’il va devoir maintenir.

Si l’Église veut continuer à compter sur la scène mondiale, il lui faudra aussi accroître sa présence diplomatique. Les premiers mots de Léon XIV ont été pour la paix. Son lointain prédécesseur, Léon Ier le Grand (440-461), a affronté les Huns d’Attila et les Vandales de Genséric afin d’assurer la paix de Rome. Aujourd’hui, pour Léon XIV, ce sont d’autres barbares et d’autres vandales qui se présentent à lui : fragmentation de la guerre, réseaux criminels, mafias, guerres civiles. Comme elle tente de le faire depuis de nombreuses décennies, la diplomatie pontificale va tenter d’apporter du baume sur ses plaies et de jouer son rôle pour contribuer à la paix. Un autre Léon, Léon X (1513-1521), un Médicis, avait dû combattre François 1er et Charles Quint à une époque où l’Europe était ravagée par les guerres religieuses. En puisant dans les exemples de ses prédécesseurs, il pourra lui aussi aider à contribuer à l’édification de la paix.

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