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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Italie : l’homme fort de l’Europe
par Jean-Baptiste Noé

L’Italie est parvenue à rétablir ses comptes publics et à assurer sa stabilité politique. Une prouesse pour un pays qui était l’un des maillons faibles de l’Union européenne. En quelques années, elle s’impose comme le nouvel État fort.

19/04/2025 - 08:30 Lecture 5 mn.

La nouvelle a réjoui le camp Meloni et au-delà. L’agence Standard & Poor’s a relevé la note souveraine de l’Italie, la faisant passer de BBB à BBB +. Une information dans la presse financière qui est la manifestation d’une victoire politique : le gouvernement de Giorgia Meloni est parvenu à rectifier la courbe de la dépense publique et à résorber une partie du déficit de l’État italien, celui-ci étant passé de 8,1 % du PIB en 2022 à 3,4 % aujourd’hui. En deux ans et demi, Meloni a réussi à apporter de la stabilité politique et de l’assainissement financier.

 

Un pays qui revient de loin

 

Il y a trois ans, l’Italie allait mal. Les gouvernements étaient instables, les Présidents du Conseil des ministres ne parvenant pas à tenir leur coalition et à enclencher les réformes politiques et économiques indispensables. Le gouvernement technique de Mario Draghi, qui devait sauver une Italie à la dérive, ne tint qu’une année à peine (2021-2022). Les "populismes" incarnés par le mouvement Cinque stelle et la Lega excitaient les passions politiques, électrisant un pays qui s’enferrait dans des clivages géographiques et sociologiques qui semblaient indépassables. Beppe Grillo d’un côté, Matteo Salvini de l’autre apparaissaient comme les seules incarnations de l’avenir politique de l’Italie.

Le pays fut frappé en son cœur et en son âme par la crise du covid et les confinements, qui brisa son économie et lui révéla ses fragilités. L’Italie ayant fondé sa puissance économique sur les exportations fut brisée par l’arrêt des échanges mondiaux causés par les mois de confinement. Le pays était également confronté à une réalité qu’il connaissait, mais qu’il refusait de voir : le délitement de ses services sociaux. Les hôpitaux publics furent débordés, étouffés par les nombreux malades qui saturèrent les services ; de nombreuses personnes âgées moururent, dont beaucoup loin de leur famille. En Europe, l’Italie était moquée pour sa dette qui l’étouffait, pour ses structures déclinantes, dont l’effondrement du pont de Gênes en 2018 et la grève du ramassage des poubelles à Rome (2019) en furent les symboles dévastateurs. Le pays de la Renaissance et de l’excellence artisanale n’avait plus à présenter au monde qu’un pont en ruine au cœur de l’une de ses grandes villes économiques, une ville éternelle jonchée de déchets et une dette qui asphyxiait son économie.

 

La dernière chance

 

L’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni en octobre 2022 fut pour beaucoup une dernière chance. Elle a déjà réussi une prouesse : donner une stabilité politique au pays. Sauf surprise, elle devrait arriver au terme de son mandat (2027), sa coalition disposant de la majorité à la Chambre et au Sénat. Si tel est le cas, elle dépasserait le record de Silvio Berlusconi, qui avait réussi à se maintenir quatre ans et onze mois au pouvoir (2001-2006). Elle a également réussi à éteindre les passions populistes. La Lega ne pèse plus beaucoup sur le plan électoral et Cinque stelle a désormais à sa tête Giuseppe Conte, beaucoup plus présentable et statutaire que Beppe Grillo.

L’autre prouesse du gouvernement Meloni est d’avoir réussi à réformer en partie l’économie italienne et d’avoir réduit sa dette, ce dont peu de monde l’en croyait capable. Elle a mis de côté ses discours anti-euro et anti-UE pour faire de l’Italie le bon élève de l’Union. Sur l’immigration, ses résultats sont également probants, ce qui satisfait son électorat et montre à son voisin français qu’il est là aussi possible d’agir.

Élément révélateur de son succès, beaucoup d’Italiens n’ayant pas voté pour la coalition Meloni en 2022 se disent satisfaits de son action et désormais prêts à voter pour elle. Arriver à satisfaire ses opposants et à se les rallier tout en conservant son socle électoral d’origine n’est pas la moindre des prouesses.

Le gouvernement Meloni s’attaque désormais à un autre chantier majeur, celui de l’énergie. L’Italie est dépendante aux hydrocarbures et notamment au gaz, donc aux contrats passés avec les pays producteurs, elle est le premier importateur d’électricité de l’UE. Dans son programme de 2022, Meloni avait évoqué le retour du nucléaire et la réouverture de centrales, celles-ci ayant été fermées dans les années 1980. Le sujet est explosif, mais de plus en plus d’Italiens y sont favorables. Il reste deux années à la coalition Meloni pour apporter une stabilité énergétique au pays, ce qui est un autre grand combat à mener.

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