Chroniques / Jean-Baptiste Noé
Chroniques
Jean-Baptiste Noé
Chronique
Union européenne : un parlement renouvelé dans l’indifférence
par Jean-Baptiste Noé
Dissolution aidant, en France, le renouvellement du Parlement européen s’est fait dans l’indifférence générale. Le processus européen n’est pourtant pas clos, la nomination des commissaires européens étant la prochaine étape importante.
La surprise de la dissolution a occulté les résultats des Européennes dans les autres pays de l’Union Européenne. Les implosions et recompositions politiques en cours en France font oublier les recompositions en cours au Parlement européen.
Première leçon de ces Européennes : le PPE est sorti renforcé (184 sièges, +8) quand Renew a lui perdu 22 sièges (80) perdant du terrain sur le bloc conservateur (ECR et ID) qui avec 131 sièges en a gagné 13. Le pôle gauche (sociodémocrates, Verts, extrême gauche) pèse 227 sièges, ce qui pourrait lui donner une majorité s’il arrivait à s’unir. La majorité absolue étant à 360 sièges, il faudra nécessairement que les partis s’entendent pour pourvoir les prochains postes : président du Parlement, commissaires, président de la Commission.
Giorgia Meloni grande gagnante
Élue en septembre 2022, à peu près au même moment qu’Olaf Scholz et Emmanuel Macron, Giorgia Meloni a pourtant beaucoup mieux réussi les élections européennes. Sa liste est arrivée en tête, avec 28 %, ce qui la conforte dans son poste de chef du gouvernement italien. Le hasard du calendrier a fait que c’est elle qui a organisé le G7, dans les Pouilles, recevant ses homologues pour travailler sur le dossier ukrainien, avec un président français pris dans la trappe d’une législative anticipée et d’un chancelier allemand touché par la faiblesse de son score. Fidèle à l’OTAN, ayant renoncé à toute sortie de l’UE et de l’euro, alignée sur une ligne pro-Ukraine, Giorgia Meloni a mis de l’eau dans le vin du programme de son parti et n’a suivi aucune politique de rupture depuis son élection. Elle bénéficie d’une stabilité politique rare en Italie qui lui permet de disposer de temps pour mener les réformes essentielles. Grâce au jeu démocratique, l’Italie s’est placée au centre de l’équilibre européen.
Renouveler l’appareil européen
Les chantiers européens sont loin d’être terminés. La première session du nouveau Parlement européen se tiendra les 16 et 19 juillet à Strasbourg. C’est là qu’il faudra élire président, vice-présidents et questeurs, ce qui suppose tractations et négociations en amont pour se mettre d’accord sur les candidats. Ensuite viendront l’élection du Président de la Commission européenne puis l’audition des candidats aux postes de commissaire dont la nomination devra être ratifiée par le Parlement. Compte tenu de la situation politique en France, il est fort probable qu’un nouveau gouvernement issu du second tour (7 juillet) soit à la manœuvre pour prendre en main les affaires européennes. Cela pourrait être l’un des premiers bras de fer entre le Président français et son potentiel Premier ministre de cohabitation. Un gouvernement né des élections européennes aura beaucoup à faire pour clore le chapitre des Européennes. Se posera notamment la question de renouveler ou non Ursula von der Leyen, qui a certes le soutien d’Emmanuel Macron, mais pas celui du RN. Devra également être décidé le choix du Français qui occupera le poste de commissaire européen, à savoir renouveler ou non Thierry Breton.
Le RN n’ayant pas réalisé d’accord pour siéger dans le même groupe que les députés de Viktor Orban et de Giorgia Meloni, il pourrait être incongru que le groupe de députés français le plus important, dont le parti est au pouvoir en France, siège dans un groupe très minoritaire au Parlement européen. Des questions qui paraissent secondaires dans le contexte politique français actuel, mais qui sont pourtant cruciales pour l’influence de la France dans les institutions européennes et sur la scène internationale. Les précédentes cohabitations avaient donné lieu à des passes d’armes parfois complexes entre le Président et le Premier ministre, dont la répartition des rôles sur la scène internationale n’est pas toujours très claire. Les partenaires européens de la France vont peut-être devoir réapprendre à faire avec un pouvoir français à deux têtes.
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