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éditorial / Yves de Kerdrel

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Yves de Kerdrel

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Pyromane puis pompier
par Yves de Kerdrel

Emmanuel Macron était parti en Nouvelle-Calédonie pour rétablir à la fois l’ordre et le dialogue. Les barrages et les violences persistent. Loyalistes et indépendantistes campent sur leurs positions. Et le Chef de l’État a dû reculer en retirant son ultimatum. Il n’est pas certain que la République et l’autorité ont été renforcées par ce déplacement éclair. Échec d’une méthode qui consiste à penser que tout passe par l’Élysée.

26/05/2024 - 06:30 Lecture 9 mn.

 

Emmanuel Macron est plein de qualités. Outre l’intelligence, la capacité de travail, son entregent à l’international, il est libéral et après avoir été élu sur un programme plus ou moins social-démocrate, il a progressivement dérivé vers le centre droit. L’un de ses principaux défauts est toutefois de penser que lui seul est capable de résoudre tous les problèmes du pays. Après avoir laissé Élisabeth Borne organiser la réforme des retraites en janvier 2023, il lui a retiré le dossier des mains, sans pour autant parvenir à mettre fin à cette crise sociale. Après avoir laissé Gabriel Attal gérer la crise agricole en janvier dernier, il a voulu prendre en mains le dossier à l’occasion du salon de l’agriculture. Ce qui a crispé les relations entre les pouvoirs publics et les deux grands syndicats agricoles.

Enfin après avoir laissé Gérald Darmanin gérer seul le dossier calédonien, il a voulu marquer son autorité en fixant un ultimatum pour faire voter par le congrès le texte adopté par le Sénat et l’Assemblée. Ce qui a ravivé les braises sur "le Caillou". Et son aller-retour sur place n’a consisté qu’à annoncer le retrait de ce malheureux ultimatum, sans que l’autorité républicaine soit clairement de retour dans l’archipel où les barrages se multiplient et où l’on compte un mort de plus. À force de vouloir s’occuper de tout, il se retrouve souvent d’abord dans la situation du pyromane, et ensuite dans celle du pompier. Si, comme François Mitterrand, il avait la sagesse de se conformer aux articles 5, 9, et 20 de la Cinquième République, il laisserait le Premier Ministre déterminer et conduire la politique de la Nation, et se contenterait d’assurer "le fonctionnement régulier des pouvoirs publics".

 

Visite d’état en Allemagne

 

Le Président de la République est revenu dans la métropole à temps pour voir la victoire du PSG hier soir avant de partir cet après-midi, avec son épouse, en visite d’état en Allemagne. Une première depuis celle de Jacques Chirac en juin 2000. Ce déplacement devait avoir lieu, au début du mois de juillet 2023. Mais il avait dû être annulé à la dernière minute à cause des émeutes urbaines survenues partout en France après la mort du jeune Nahel.

Emmanuel Macron, aux côtés du président allemand Frank-Walter Steinmeier, visitera ce lundi le Mémorial de la Shoah de Berlin, accompagné de Beate et Serge Klarsfeld. Puis il se rendra à Dresde pour y prononcer un discours demain après-midi "en direction de la jeunesse européenne". Mardi, c’est à Münster que le Chef de l’État est attendu pour y recevoir le Prix de la paix de Westphalie "au titre de son engagement européen". Enfin, avant de rentrer à Paris, Emmanuel Macron présidera, après-demain, avec le chancelier Olaf Scholz, un conseil des ministres franco-allemand à Meseberg, près de Berlin. Un programme dense, avec en toile de fond les élections européennes et les remaniements à venir au sein de la Commission européenne.

 

Bardella, mis en échec par Attal, mais toujours loin devant

 

Après avoir réussi à mettre en échec Jordan Bardella, lors du débat organisé jeudi dernier par France 2, Gabriel Attal va s’impliquer encore davantage dans la campagne européenne. Et cela au moment même où la liste Renaissance, conduite par Valérie Hayer, est sur le point d’être dépassée dans certains sondages par celle conduite par Raphaël Glucksmann, qui récolte la sympathie de tous les macronistes de gauche.

Mais le président du Rassemblement National fait toujours la course en tête avec un score, affiché par certains sondages, double de celui de Valérie Hayer. Si le scrutin du 9 juin confirme les intentions de vote exprimées dans ces différents "rollings", le Rassemblement National bénéficierait de 30 sièges de députés, Renaissance de 15 députés (8 de moins qu’en 2019) et Place Publique (14 sièges). Ce qui se traduira, quoi qu’en dise l’Élysée, par un affaiblissement d’une voix raisonnable française en Europe.

 

En attendant Standard & Poor’s

 

Outre la poursuite de cette campagne qui intéresse, hélas, moins de la moitié des Français et qui pourrait se traduire par un taux de participation de seulement 43 à 44 %, la semaine à venir va être marquée par la notation de la dette française par Standard & Poor’s qui sera rendue publique vendredi soir. Un peu plus d’un mois après que Fitch et surtout Moody’s ont décidé de ne pas changer leur opinion (respectivement AA- et Aa2) sur la qualité de notre crédit.

Cette semaine le FMI a rendu publique la conclusion de sa mission en France en validant – globalement - la stratégie économique et financière du gouvernement français, comme l’a aussitôt souligné Bruno Le Maire. L’institution de Washington recommande toutefois la mise en place de nouvelles mesures de consolidation budgétaire en commençant dès cette année, afin de ramener la dette sur une trajectoire descendante. Le FMI table sur un déficit public à 5,3 % du PIB en 2024, quand le gouvernement mise sur 5,1 %. Parmi ses préconisations d’économies, le FMI insiste sur le fait de cibler les allocations-chômage et les dispositifs de soutien aux travailleurs et aux entreprises ou de réformer les dépenses fiscales. Il insiste aussi sur la baisse de la masse salariale du secteur public. À noter que pour 2025, le FMI anticipe une croissance en France de 1,3 %. Un chiffre peu éloigné du 1,4 % attendu par Bercy.

 

L’assurance-chômage réformée sans drame

 

Ce n’est pas un hasard si Catherine Vautrin a présenté aux partenaires sociaux, une semaine avant le verdict de Standard & Poor’s les pistes de travail du gouvernement pour réformer l’assurance chômage, avec des conditions d’accès à l’indemnisation durcies. Les mesures envisagées permettraient 3,6 milliards d’euros d’économies, selon l’exécutif qui espère que, grâce à elles, 90 000 personnes supplémentaires seront en emploi.

Ce projet de décret destiné à entrer en vigueur le 1er juillet prochain devrait être rendu public au début de cette semaine, après une interview de Gabriel Attal ce matin dans La Tribune dimanche. La réforme prévoit qu’il faudra avoir travaillé huit mois dans les vingt derniers mois, au lieu de six mois dans les vingt-quatre derniers mois actuellement. Il est aussi question d’un bonus à la reprise d’emploi pour les seniors. En revanche les chômeurs proches de la retraite pourraient voir leurs indemnisations plafonnées. Enfin les bornes d’âge de la filière senior seront toutes décalées à 57 ans en cohérence avec le report de l’âge légal de la retraite. Même si les syndicats poussent des cris d’orfraie convenus, cette réforme sera mise en œuvre rapidement et sans difficulté majeure.

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