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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Royaume-Uni : les travaillistes écrasent le scrutin
par Jean-Baptiste Noé

Comme prévu par les sondages, les travaillistes ont largement gagné les élections législatives anticipées. C’est la plus lourde défaite des conservateurs depuis plus d’un siècle, dont la cause est d’abord leur faillite intellectuelle et politique. Pour le Labour, si la victoire est très large, il fait néanmoins moins bien que Tony Blair en 1997.

06/07/2024 - 08:30 Lecture 5 mn.

 

En annonçant des législatives anticipées, les conservateurs savaient que Rishi Sunak orchestrait le suicide de son parti. Depuis 2022 et le départ précipité de Boris Johnson, les torys n’ont plus d’idée, plus de programme, plus d’allant intellectuel. Liz Truss a tenu à peine un mois à Downing Street et Sunak n’a pas réussi à y rester deux années de suite. Après 14 ans de pouvoir, les conservateurs sont à bout de souffle et passent logiquement la main. Naviguant d’un côté et de l’autre, sans ligne intellectuelle claire, le parti n’a pas su tirer profit de sa large victoire de 2019. Rishi Sunak a annoncé sa démission de la direction des torys et tout l’enjeu pour ce parti est désormais de faire émerger de nouvelles têtes et de tourner la page des années Boris Johnson.

Mais si la victoire du Labour est très large, avec 33,8 % des voix, il n’accroît son score de 2019 que de 1,6 point, ce qui témoigne d’une croissance très faible en termes de voix. En revanche, il gagne 211 sièges, pour atteindre 412 sièges au Parlement.

Ce n’est donc pas tant une victoire du Labour qu’une très large défaite des conservateurs : 23,8 % des voix, soit 20 points de moins qu’en 2019, pour un total de 250 sièges perdus (121 sièges dans la nouvelle chambre).

Le parti de Nigel Farage, Reform UK, a fait le plein de voix avec 14,3 % et 4 sièges. Les électeurs qui ont quitté les conservateurs ne sont pas tous allés chez Reform UK, mais ce dernier a malgré tout réussi à capter une grande partie des déçues du conservatisme.

Avec 12,3 % des voix, les Lib dem font 12,3 % arrivent en quatrième position, mais en troisième en termes de sièges : 71 sièges soit 63 de plus qu’en 2019.

 

Un royaume plus uni

 

L’autre grand événement de ce scrutin est la déroute du parti indépendantiste écossais. Il perd 38 sièges par rapport à 2019, ne conservant que 9 députés. Traditionnellement de gauche, l’Écosse revient vers le Labour en lui garantissant un nombre important de députés. La défaite des indépendantistes éteint les velléités de partition du royaume, qui est donc plus uni et plus stable qu’il ne l’était auparavant. En Écosse aussi, la défaite du SNP (Scottish national party) est d’abord une défaite intellectuelle. Ils n’ont pas réussi à convaincre du bien-fondé de l’indépendance ni à rassurer les électeurs quant à leur capacité de diriger une Écosse indépendante. Le temps de l’indépendance semble passé et le SNP peut désormais craindre une défaite lors des élections régionales.

 

Un Labour renouvelé

 

La victoire de Keir Starmer est d’abord celle d’une ligne politique claire et recentrée. Fini les exubérances de Jeremy Corbin, son programme marxiste et ses idées d’extrême gauche. Starmer est revenu sur une ligne proche de celle de Tony Blair, appelant à réduire l’immigration et à baisser les impôts. De quoi séduire des électeurs conservateurs lassés des atermoiements des torys. Le Royaume-Uni se retrouve avec un Labour qui se dit ami de la City et qui développe le concept de securonomie, expliqué par Starmer dans son programme : "Notre approche dépendra d’un État dynamique et stratégique. Cela ne signifie pas un gouvernement toujours plus grand, mais un gouvernement plus actif et plus intelligent qui travaille en partenariat avec les entreprises, les syndicats."

Sur la fiscalité, le Labour assume d’en faire un élément de compétitivité qui soit au service des entreprises, donc de la croissance : "Le parti travailliste plafonnera l’impôt sur les sociétés à son niveau actuel de 25 %, le plus bas du G7, pour toute la durée de la législature, et nous agirons si les changements fiscaux dans d’autres pays représentent un risque pour la compétitivité du Royaume-Uni."

Toujours dans le programme économique, le Labour insiste sur la notion clef de productivité et sur l’importance de l’innovation et de l’inventivité : "La croissance et l’augmentation de la productivité dépendent de la fraîcheur de la pensée et des nouvelles idées. La Grande-Bretagne compte de nombreuses entreprises de pointe, mais l’innovation doit être convertie en succès commercial dans tous les coins de notre pays."

Avant de conclure : "Le parti travailliste fera de la Grande-Bretagne le meilleur endroit pour créer et développer une entreprise."

Nous sommes ici très loin de la pensée de "Corbyn le rouge". Ce recentrage et cette clarté, tant sur la question migratoire qu’économique, explique la très large victoire du Labour. Pour ouvrir une nouvelle ère de 14 ans de pouvoir ?

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