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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Hamas : l’hydre perpétuelle
par Jean-Baptiste Noé

Si la mort de Yahya Sinwar est une victoire incontestable pour Benyamin Netanyahou, elle ne règle pas les problèmes du Proche-Orient. Un an après l’attaque du 7 octobre 2023, les cartes sont rebattues, mais personne n’est en mesure d’imposer son jeu.

19/10/2024 - 08:30 Lecture 4 mn.

Qui aurait pu prévoir, le 6 octobre 2023, ce que serait le Levant un an plus tard ? Personne, pas même Yahya Sinwar, dirigeant du Hamas et tête pensante de l’attaque du lendemain. Il voulait infliger un coup fatal à Israël, reprendre la main sur la bande de Gaza, s’imposer comme le chef unique des Palestiniens, notamment face à Mahmoud Abbas. Il espérait une coordination avec l’Iran et le Hezbollah et, surtout, il n’imaginait pas que la réaction d’Israël soit aussi violente. En déclenchant l’opération le 7 octobre, il a ouvert un chapitre inattendu et imprévisible dont les bouleversements sont toujours en cours.

 

Des têtes au sol

 

Un an plus tard, les têtes ont roulé au sol. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, fut abattu le 27 septembre dans son QG de Beyrouth. Trois semaines plus tard, c’est au tour du responsable du Hamas, Yahya Sinwar, d’être tué par une simple patrouille de reconnaissance. Deux figures majeures du Levant, à la tête d’organisation puissante et redoutée, sont ainsi tombées en moins d’un mois. Avant eux, ce sont de nombreux responsables du Hamas et du Hezbollah qui ont été abattus, y compris à Téhéran, humiliation pour l’Iran. Certes, d’autres hommes pourront occuper les postes, mais un chef ne se remplace pas aisément.

Si le Hamas et le Hezbollah peuvent continuer à agir, force est de constater que leur désorganisation est de plus en plus importante. Le Hezbollah a beau annoncer jeudi 17, quelques heures après l’annonce de la mort de Sinwar, qu’il va passer "à la vitesse supérieure ", plus violente et plus déterminée, notamment en faisant usage "de missiles téléguidés", beaucoup d’observateurs interprètent davantage cela comme un coup de communication que comme une réelle capacité de nuisance. Hamas et Hezbollah se retrouvent tous les deux privés de chefs et de cadres, avec des infrastructures et des pistes de lancement détruites. Pour autant, la paix n’est pas au rendez-vous.

 

Des leviers détruits

 

Depuis un an, Mahmoud Abbas (88 ans) et l’Autorité palestinienne sont portés disparus. Eux qui sont censés représenter le combat des Palestiniens, notamment en Cisjordanie, sont invisibles et incapables de peser sur un conflit qui les a contournés. Ils pourraient revenir dans le jeu, mais encore faut-il qu’ils puissent disposer d’une aura et d’une reconnaissance alors que tout se fait en dehors d’eux. Aujourd’hui, même si cela peut changer, ils n’ont pas de levier à actionner pour permettre la paix.

Absence de perspective de paix également dans les territoires bombardés. Nasrallah et Sinwar se sont nourris de la violence et se sont construits vis-à-vis d’elle. Les jeunes Palestiniens qui depuis un an vivent avec la guerre et la violence sont marqués à vie. La haine, le désir de revanche, le refus de négocier sont des sentiments forgés par l’expérience de la guerre. Si Israël est parvenu à abattre ses ennemis d’aujourd’hui, n’est-il pas en train de fabriquer ses ennemis de demain ? Si les têtes des chefs sont tombées dans les décombres des attaques de Tsahal, les espoirs de paix et d’entente se sont eux aussi effondrés. L’indéniable victoire de Netanyahou est une victoire de court terme. Après Sinwar et Nasrallah, d’autres militants, dont la conscience politique a été forgée dans les décombres de leur ville et de leur bâtiment, prendront la relève, avec le risque d’être plus radicaux et plus déterminés à éradiquer leur ennemi.

La mort de Sinwar ne clôt pas le cycle de la violence, mais ouvre un nouveau chapitre, dont les tensions dramatiques se dérouleront peut-être dans dix ou quinze ans. Les acteurs d’aujourd’hui ne seront plus là, le monde aura changé, mais l’hydre de la guerre sera toujours présente.

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